Les chiffres sont têtus : le nombre de personnes touchées par l’hallux valgus ne cesse d’augmenter. Rien d’anodin, rien de rare. Cette déformation du pied, connue sous le nom d’“oignon”, fait désormais partie du quotidien de nombreux Français. Reste à comprendre comment elle s’installe, comment elle fait mal, et surtout, comment reprendre la main sur la douleur.
Qu’entend-on par hallux valgus ?
L’hallux valgus, ou “oignon” pour le grand public, se manifeste par une déviation du gros orteil vers l’intérieur du pied. Le terme “hallux” désigne le gros orteil, “valgus” traduit l’inclinaison. Progressivement, le premier orteil vient déborder sur ses voisins, le deuxième ou le troisième, qui se retrouvent alors déformés, parfois recroquevillés en griffes. Cette évolution ne s’arrête pas à l’âge adulte ; elle s’installe à tout moment, sans prévenir.
La douleur n’est jamais loin. L’inflammation s’invite à son tour. Le port de chaussures à talons hauts, des modèles trop serrés, l’avancée en âge ou l’hérédité, autant de facteurs qui favorisent l’apparition de l’hallux valgus ou en aggravent les symptômes. Même une déformation légère peut gêner le quotidien, rendre la marche pénible, et compliquer le choix de chaussures adaptées.
Comment agir face aux douleurs du hallux valgus ?
La première étape consiste à repenser sa façon de se chausser : opter pour des modèles larges, souples, qui ne compriment pas l’avant du pied. Pour aller plus loin, consulter un podologue s’avère souvent judicieux. Ce spécialiste peut proposer des orthèses sur-mesure, adaptées à la morphologie du pied et à la forme de la déformation. Ainsi, le pédicure-podologue devient l’allié numéro un face à l’hallux valgus.
Lorsque la gêne s’installe, il met en place différents dispositifs :
- Des semelles orthopédiques pour répartir les appuis et soulager la douleur
- Des appareillages d’orteils pour corriger la posture et limiter l’aggravation
Mais si le port de chaussures adaptées et les orthèses ne suffisent plus, l’étape suivante mène au chirurgien orthopédique. Il ne s’agit en aucun cas d’une intervention à visée esthétique : la chirurgie du pied vise à restaurer la fonction, réduire la douleur et stopper la progression de la déformation. Le pédicure-podologue saura orienter vers cette solution si le quotidien devient trop contraignant, si la douleur devient permanente, ou si la déformation retentit sur le reste du pied. Plusieurs techniques existent, dont la chirurgie mini-invasive ou percutanée, qui limitent les incisions et la durée de l’hospitalisation.
Comment se déroule une opération du pied ?
L’intervention se pratique sous anesthésie locorégionale : la jambe et le pied sont endormis, le patient reste conscient. Le chirurgien réalise une incision de moins de deux centimètres pour corriger l’axe du premier métatarsien et de la phalange. Il s’agit de réaxer le gros orteil, puis de stabiliser les fragments osseux, le plus souvent à l’aide d’une vis, parfois sans matériel. Un pansement spécifique maintient la zone opérée pendant quinze jours.
Quelques heures après l’acte, retour à la maison avec une chaussure spécialisée, prescrite avant l’opération. Tout se passe en ambulatoire : pas de nuit à l’hôpital. Les consignes de soins, les ordonnances et les documents de suivi sont remis avant la sortie. Un traitement contre la douleur et un anticoagulant accompagnent la reprise de la marche, autorisée immédiatement avec la chaussure adaptée. Le suivi médical prévoit une première consultation deux semaines après pour renouveler le pansement, puis un contrôle radiologique un mois après l’opération.
Que se passe-t-il après l’opération ? Quels sont les risques ?
Il faut compter entre six et huit semaines pour retrouver des chaussures classiques, reprendre le travail, les activités du quotidien ou le sport. Dans certains cas, une courte rééducation ou des exercices d’auto-mobilisation aident à récupérer la souplesse de l’articulation si elle reste un peu raide. L’œdème de l’avant-pied peut persister plusieurs mois, mais ce type de complication se fait rare.
Lorsque le geste chirurgical est bien indiqué, la chirurgie de l’hallux valgus et des orteils transforme le confort de marche et de chaussage. Les douleurs s’estompent, aussi bien à la marche qu’au repos. Face à une gêne persistante, il vaut toujours mieux consulter sans attendre : chaque pied raconte une histoire, et la vôtre mérite d’avancer sans entrave.


